Loin
d'être une grande surprise, les magasins HMV fermeront leur portes
partout au Canada. Les clés seront mis dans les portes le 30 avril
prochain… On s'en doutait tous, ce n'était qu'une question de temps.
HMV,
ancien temple de la connaissance des jeunes amateurs de musique de la
génération X, lieu de rassemblement où l'exploration musicale
était sans bornes, ou presque… En fait, jusqu'à l'arrivée
d'internet, ce qui changea considérablement notre façon de
consommer notre musique. Plusieurs choses ont en effet changé
depuis, l'essence même de la musique est différente. Quelle sortie
d'album, de nos jours, mériterait un déplacement, un 20$, et
surtout, un endroit ou stocker le cd, et qui, par dessus tout, se
trouverait chez un disquaire…
En
tant que grand consommateur de musique (oui, j'achète encore mes
albums, soit cd, vinyle ou parfois, lorsque le shipping est trop
cher, le digitale), la plupart des albums que je me procure ne se
trouvent tout simplement pas dans les bacs. Souvent, j'achète
directement du site des artistes, ou des maisons de disque… Je
m'assure comme ca de couper les intermédiaires et souvent, les
artistes reçoivent une plus grande part de cet argent.
HMV
est aussi, comme beaucoup de fans de musique, l'employeur qui leur a
permis de se faire les dents dans la business de la vente de musique.
J'en fait parti, mon premier emploi en tant que disquaire était au
HMV de Lévis, aux Galeries Chagnon, alors que je restait à
Limoilou… J'étais tellement dévoué pour aller gagner mon petit
9$ de l'heure que, faute d'argent, je faisais le trajet à pied
jusqu'à la traverse, pour ensuite monter jusqu'au HMV à pied aussi,
faire mon chiffre de seulement quelques heures et refaire le trajet
inverse. Qu'est-ce qui me poussait à en faire autant? La passion de
faire découvrir de la musique, d'être au courant des nouveautés,
de découvrir des artistes, de jaser musique avec des gens aussi
passionnés que moi… Cette expérience m'as permis ensuite de
travailler chez Futureshop (lui aussi fermé) en tant que disquaire,
pour ensuite aller chez Archambault (qui fermera ses portes aussi
probablement un moment donné), et qui ensuite me poussa à prendre
le micro pour continuer à partager ma passion, cette fois ci sur les
ondes radiophonique.
L'industrie,
la musique, nos habitudes de consommation, tout ces changements font
en sorte que les magasins qui ont pignons sur rue risquent de se
faire de plus en plus rare dans nos villes. Pourtant, nous n'écoutons
pas moins de musique qu'avant, nous l'écoutons juste différemment. L'offre est
tellement plus grande en plus qu'on a plus le temps d'apprécier un
album que déjà, on est inondés par la nouvelle tendance. On peut même dire que la musique est un bruit de fond dans notre vie réglée au quart de tour de tous les jours, mais on ne prends plus le temps de l'écouter, on ne fait que l'entendre... La dernière fois que vous avez ouvert un livret de cd et pris le temps de lire les paroles, ca remonte à..?
De plus, on peut dire que le rock a changé... Comme
disait Richard Ashcroft, ex-chanteur du groupe britannique The Verve,
« ces jours-ci, j'aime mieux écouter du Rihanna que 90% des
albums rock soit disant encensés par les critiques ». La
musique « mainstream » est devenue aussi insipide qu'une
toast à moitié grillée, propulsée sur les ondes radio et vendue
comme étant de nouvelles merveilles, pour être oubliée quelques
mois plus tard par « la nouvelle affaire ».
Somme toute, j'ai
adoré mes années travaillées comme disquaire, le plaisir, les
gens, les anecdotes, les clients rencontrés sont des souvenirs qui
seront toujours gravés dans ma mémoire. Comme la fois où je travaillais au comptoir d'écoute au Archambault à Berri, et que M Michel Rivard vient commander un disque. Je suis loin d'être un grand fan de Beau Dommage ou de sa carrière solo, mais quand on a terminé notre entretien, je venais de prendre en note le numéro de téléphone personnel de M Rivard en lui disant :"on vous appelle quand ca arrive M Rivard...".
Maintenant, la fin est annoncée, et comme disait Dylan, « times they are a-changing », la
voix du maître s'éteint...
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